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A Corinthe, les traces d’une activité portuaire remontent à 1 200 ans avant notre ère

En science aussi, il y a des pêches miraculeuses, où l’on sort des données aussi belles qu’inattendues. C’est l’heureuse aventure qui vient d’arriver à une équipe internationale d’archéologues travaillant sur les origines du port de Corinthe, en Grèce. Ces chercheurs tentaient de dénicher des indices corroborant les sources textuelles, qui placent la création de ce port au VIIe siècle avant notre ère, et ils ont eu la preuve qu’il était en activité… un demi-millénaire avant cette époque. Un résultat étonnant, que présente un article publié dans le numéro de novembre de Marine Geology.
Depuis 2013, le programme de recherche gréco-danois Lechaion Harbour Project (LHP) explore le site de Léchaion, où se trouvait le port antique de Corinthe. Comme l’explique Bjorn Loven, archéologue à l’Institut danois d’Athènes et coauteur de l’étude, « Léchaion est situé sur l’isthme qui relie le Péloponnèse au reste de la Grèce continentale et a servi de point de rencontre permanent entre les routes terrestres et maritimes ». L’isthme, qui sépare le golfe Saronique, à l’est, du golfe de Corinthe, à l’ouest, est si étroit que l’on jugeait préférable, selon les auteurs anciens, de transporter les marchandises d’un bord à l’autre par voie terrestre, plutôt que de contourner le Péloponnèse en bateau. Cette situation de carrefour stratégique n’échappa d’ailleurs pas aux Romains, qui, sous l’Empire, firent du lieu le port le plus important de Grèce.
Si les traces de l’installation romaine se lisent encore dans le paysage, il ne subsiste, en revanche, quasiment plus rien de tangible pour les époques plus anciennes. Pour sonder ce passé reculé, les scientifiques du LHP s’en sont donc remis à deux carottages réalisés par le Français Antoine Chabrol, géoarchéologue à l’université Paris-Sorbonne et premier auteur de l’étude. Sa première surprise, dit-il, est venue de la datation : « Les dates que nous avons reçues confirmaient bien le port grec que l’on cherchait à comprendre, mais on voyait aussi des dates nettement plus anciennes », remontant au XIIe siècle avant notre ère, à l’âge du bronze !
D’autres surprises sont apparues lors de l’analyse des sédiments, effectuée en France à la plate-forme technique Observation et mesure des environnements actuels et anciens, soutenue par deux laboratoires du CNRS, Archéorient d’une part et Environnement, ville, société d’autre part. Comme l’explique Hugo Delile, chercheur à Archéorient et cosignataire de l’étude, un des objectifs de cette analyse consistait à mettre en évidence « un réservoir anthropique, des éléments-traces métalliques qui nous renseignent sur l’occurrence des activités humaines passées ».
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